ANTONIO ASENSI
Antonio Asensi Gallardo (Valence, 1979), diplômé de la Faculté des Beaux-Arts de Valence, a exposé et a réalisé plusieurs fois des performances dans sa ville natale. En mai 2018, nous lui consacrons sa première importante exposition individuelle « Bestiaire national » à Madrid. L’artiste publie périodiquement un magazine appelé «INSIDIAToday» où il met en scène de façon humoristique et caricaturale des modèles travestis posant devant ses tableaux. Sa peinture, colorée et vive, se caractérise par un genre naïf. Les mises en scène cocasses regroupent sous forme de clichés les différents protagonistes propres au folklore espagnol. Nous le représentons en exclusivité en France, à Paris.
Expositions individuelles
2016 My country is a dead bailaora, Trentatres Gallery, Valence, Espagne.
2015 #serigrafíamediosalvaje #quierounavaca, Cosín Estudio, Valence, Espagne.
2014 Reptiles, Espacio 14 Huertas A.T.M., Madrid, Espagne.
2013 Angela Mordor, Cancillera Suprema de Modernia, Slaughterhouse Librería, Valence, Espagne.
2013 La jauría interna, Slaughterhouse Librería. Valence, Espagne.
Expositions collectives
2015 Serendipia, La LLimera Associació Cultural, Valence, Espagne.
2015 Polvo al polvo La LLimera Associació Cultural. Valence, Espagne.
2014 Colectiva 1.0, Espacio 14 Huertas A.T.M., Madrid, Espagne.
2014 Mareas, Espacio 14 Huertas A.T.M., Madrid, Espagne.
2012 Ideas en Proceso, Reales Atarazanas, Valence, Espagne.
2012 Ideas en Proceso, Galería Puchol, Valence, Espagne.
2012 Nuovi Confini, GAM Le Ciminiere, Catane, Italie.
2009 Del Boceto al Cuadro, Ca Revolta, Valence, Espagne.
Résidences
2015 Simposio Internacional de Artistas de Noja SIANOJA, Cantabrie, Espagne.
2015 Quiero una vaca #serigrafíamediosalvaje, Castro de Rey, Galicie, Espagne.
Conférence « Le pouvoir de la satire » avec Antonio Asensi,
Madrid, 26/06/18
« Pour moi, peindre et vivre c’est la même chose »
En plus de son œuvre peinte, Antonio Asensi réalise un magazine satirique où sont utilisés peinture, photographie, écrit et performance. « INSIDIAToday » est ainsi une véritable prolongation de son travail pictural.
Galerie Tournemire – Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ce magazine et comment t’es venue l’idée de ce projet ?
Antonio Asensi – INSIDIAToday m’a d’abord servi à illustrer mon travail de fin de master appelé « Présence et Processus, l’improvisation comme stratégie vitale et créative ». Il s’agissait d’une réflexion sur mon propre processus de création, qui consiste pour ma part à emmener la peinture en dehors des frontières, de la sortir de son contexte habituel pour la reconduire dans la vie quotidienne. Pour cela, j’ai utilisé à la fois l’installation, la sculpture, la performance, la photographie et n’importe quelle pratique que je considérais nécessaire à la création. Ce magazine, ou « faux magazine », a été pour moi la meilleure façon de présenter un panorama complet sur mon travail. En travestissant les modèles de vêtements peints par moi ou en peignant directement sur leur corps, j’ai créé une sorte d’œuvre nouvelle où la peinture, la toile et le corps humain ne font plus qu’un.
Mon intérêt pour la vie quotidienne se manifeste également à travers ce magazine, je me sers de l’actualité et d’anecdotes de tous les jours pour apporter un discours qui ne se veut pas ouvertement critique mais qui remet en question notre quotidien. Je parle d’une actualité « en distorsion » car j’aime déformer, réinterpréter, caricaturer et en fin de compte me moquer de tout ça (…). Il y a, enfin, dans mon travail un côté très « fallero » inspiré par les grandes fêtes populaires appelées « Fallas » à Valence, d’où je viens. Ces fêtes d’origines païennes consistent à caricaturer et ridiculiser toutes les couches sociales confondues, sans aucune attribution à une appartenance politique, tout le monde est mis à la même enseigne et peut être de cette façon critiqué.
G.T. – Le magazine résume une grande partie de ton œuvre. Les tableaux exposés ici n’auraient donc pas pu exister sans l’idée de ce magazine ?
A.A. – Ce magazine est un véritable dialogue entre le corps des modèles, la photographie d’Adolfo López, la mise en page d’Ángela Sabio et enfin mes peintures. C’est pourquoi ce projet est aussi important pour moi que ma peinture. En effet, je ne pense pas que ces tableaux auraient pu exister sans INSIDIAToday car ce n’est pas vraiment un magazine, ni un fanzine mais un travail pictural, un châssis où monter ma toile et exprimer mes idées.
G.T. – Pourquoi avoir opté pour le style figuratif ?
A.A. – La figuration est un outil idéal pour manier un discours inspiré du réel. La figuration est suffisamment riche et ample pour continuer à être prometteuse et avant-garde, peu importe ce que disent les codes artistiques contemporains actuels plus basés sur l’idée de rompre les formes que de témoigner du réel. Et si les formes sont justement déjà rompues, pourquoi pas peindre de nouveau alors ? Même des natures mortes s’il le faut ! Si la modernité insiste tant sur l’importance d’un discours dans l’art, pourquoi un style ou une forme picturale vaudrait plus qu’un autre ? Il est difficile d’échapper au présent, et la nouveauté ou l’ancienneté ne seront pas toujours les meilleurs critères pour juger quoique soit, encore moins l’art.
G.T. – Et toi en tant que peintre figuratif, te considères-tu comme en rupture avec l’époque ou bien comme un simple spectateur témoignant de ce qui t’entoure ?
A.A. – C’est une bonne question, je crois que je me considère ni comme l’un ni comme l’autre. Franchement, je ne sais pas trop. J’aspire seulement à faire mon travail le mieux possible. Je pense que c’est très difficile aujourd’hui d’innover dans l’art à la fois formellement et intellectuellement parlant, et je trouverais dans tous les cas cet exercice inutile et vaniteux. Pourtant, il existe des gens qui rompent avec des normes que je n’avais même pas imaginées. Pour moi, peindre et vivre c’est la même chose, disons que je ne me pose pas la question lorsque je me lève tous les matins.